L'EPITA organisait aujourd'hui un colloque. Au programme, un panorama des RIA avec notamment:
- Microsoft avec Silverlight;
- Adobe avec Flash et Flex;
- Mozilla avec Firefox et XUL.
- Une table ronde sur ce que pourrait être la future e-administration.
Voici mon compte-rendu du séminaire. La journée ayant été riche, le résumé est un peu long... mais riche. :-)
Ouverture, par Joël Courtois, directeur de l'EPITA et Cyril Reinhard, responsable de l'option MTI à l'EPITA
L'EPITA est une école d'Ingénieurs jeune, puisque la 20ème promotion vient d'en sortir. 3 stages en entreprise, un semestre à passer à l'étranger, 3 laboratoires de recherche, et 80% des élèves qui y font une prépa intégrée donc un cursus de 5 ans.
Le cursus MTI couvre les langages/technologies (J2EE, .NET, Open Source, Flex/Air, Silverlight), les méthodes/outils/qualité, le design/multimédia et le management/communication.
Présentation des RIA par Michaël Chaize, Adobe
Les RIA, pour Rich Internet Applications, sont là pour donner une expérience plus fluide aux utilisateurs. La définition du terme n'est pas facile. Ce sont des applications, pas nécessairement exécutées dans un navigateur, qui utilisent Internet pour l'échange de données (interaction client/serveur) et surtout qui présentent une interface utilisateur riche.
Historiquement, les applications en entreprise étaient devenues très réactives mais cette réactivité a été perdue en passant aux applications Web, par contre on a gagné en largesse du public. Les RIA gardent un public large, mais ramènent une interface utilisateur riche.
Il y a plusieurs écoles: celles qui se contentent du navigateur (AJAX), et celles qui ajoutent un moteur (Flash, Silverlight).
La richesse de l'interface peut notamment permettre de captiver un internaute pour l'amener à la page de commande, mais cela s'applique aussi aux applications en entreprise.
L'engagement client via l'interface utilisateur est important pour 90% des entreprises selon une étude. Au point que Gartner prévoit qu'en 2010 60% des applications développées en entreprise le seront sur le modèle RIA.
En entreprise, on veut des interfaces riches pour 3 points:
- l'utilisateur voit des interfaces riches sur Internet chez lui, il s'attend à la même chose au bureau;
- productivite: offrir des interfaces plus intuitives à l'utilisateur, simplifier la création par les développeurs;
- mash-up: intégration des services disponibles en entreprise.
Suivent des démos d'applications RIA qui:
- minimisent des coûts en entreprise en les déportant vers le client (conseiller financier d'une banque);
- simplifient l'analyse de données (carte géographique colorée, comparaison de produits);
- imitent des applications bureautiques (slide rocket qui imite Powerpoint).
Problèmes des RIA en entreprise:
- il faudrait un profil connaissant énormément de technologies: Microsoft et Adobe proposent maintenant des produits permettant de collaborer entre designers et développeurs;
- online/offline: l'utilisateur est parfois momentanément déconnecté; on ne veut pas redévelopper une applications pour ces cas;
- plateformes: l'écran peut être sur un PC, un PDA, un téléphone, un réfrigérateur, et on ne veut pas redévelopper l'application;
- les utilisateurs tirent de plus en plus le dévelopement par leurs demandes, laissant moins de liberté aux développeurs.
Les RIA vues par Michaël Chaize, Adobe
On peut reproduire les mêmes interfaces utilisateur que les clients lourds avec les RIA, mais autant en profiter pour faciliter l'utilisation. Exemple: comparaison de données d'un coup d'oeil pour les traders.
D'un point de vue technologique:
- On charge d'un coup l'interface et on ne fait que des changement dedans. Du coup il faut charger rapidement (compression, pagination des données).
- Côté client, on ajoute le Flash Player (V9 minimum) dans le navigateur. Flash est présent en V9 sur 98% des PC.
- Côté développeur, l'environnement de développement d'applications Flash est Flex. MXML et AS3 (langage objet), SDK Open Source, IDE Eclipse.
- LiveCycle Data Services pour les échanges de données volumineux et temps réel, qui est en partie open source.
Historiquement, ActionScript a été ajouté pour permettre l'intéractivité sur Flash. Puis la vidéo en 2002.
Flash Player 9:
- performance: VM réécrite avec compilateur JIT
- Windows, Mac, Linux
- AS3
Flex:
- MXML pour la description en XML de l'interface utilisateur
- Action Script pour la logique
- Flex class library comme bibliothèue de classes
- Communication: SOAP, HTTP/S, RTMP
- Environnement de développement payant, basé sur Eclipse (gratuit pour les étudiants)
- la compilation produit un SWF directement déployable
- Projets satellites: flex unit pour les tests, Flex stressing framework, générateurs de code, composants Flex faits par des éditeurs.
Deux axes de développement stratégiques pour le futur de Flash:
- Flash Mobile pour les téléphones, pour cela il y a le consortium Open Screen Project qui devait permettre de ne plus avoir de retard entre Flash normal et Flash mobile/embarqué.
- Adobe AIR (Adobe Integrated Runtime) pour avoir des RIA sur le desktop, c'est à dire des RDA. C'est juste un runtime pour exécuter la même appli que Flash en tant que desktop. AIR utilise une base SQL Lite pour stocker et requêter les données en local.
Les RIA vues par Pierre Lagarde, Microsoft
Une grosse problématique aujourd'hui est de devoir choisir entre les technologies orientées Web et celles orientées client riche. Microsoft propose de pouvoir passer de l'une à l'autre, et même d'être entre les deux. C'est la stratégie S+S (Software + Services), et ce sera le cas d'Office 14; c'est même le cas d'Outlook aujourd'hui.
Microsoft fournit beaucoup de logiciels, et notamment la gamme Office/SharePoint/Dynamics en tant que services pour lesquels on peut choisir entre le mode client riche et le mode Web, et du coup aussi entre la location (intéressante notamment quand on commence avec peu d'utilisateurs) et l'achat.
Ces services sont en outre hébergés sur ce que l'on peut appeler un OS, Windows Azure. Windows Azure est ouvert aux applications spécifiques. Pour la synchronisation de fichiers entre machines, c'est Live Mesh, qui peut faire intervenir ou non un stockage sur Internet de plusieurs Giga Octets.
Depuis 2000, toutes les technologies de développement Microsoft sont basées sur .NET, ce qui en fait leur force. Avec un seul outil de développement, Visual Studio. C'est donc une même expérience pour développer des applications de bureau, des RIA, des applications Windows Mobile.
Les RIA doivent offrir: accès simple, déploiement aisé, mise à jour automatique, pas de logique de page (lourde), visuels riches et traitements en local (dans une "sandbox" pour éviter le code malicieux). C'est Silverlight qui permet, côté Microsoft, de répondre à des scénarios de RIA. Et ce, que l'on soit en Windows, Mac ou Linux (grâce à Moonlight, qui s'installe facilement sous Linux).
Les outils pour les designers et développeurs sont:
- Expression Design (designers)
- Expression Blend (designers)
- Visual Studio 2008 (développeurs)
Visual Studio Express est gratuit et suffit à faire du Silverlight.
Ces trois outils partagent un seul et même format de fichiers XAML et un seul format de projet, ce qui permet la collaboration designer-développeur.
Démos:
- Site de France TV. France TV a aussi le même site en mode "standard", et on s'est aperçus que les gens restent 3 fois plus de temps sur la version RIA, car elle est bien plus utilisable et les connexions se font rapidement entre vidéos.
- Renault pour la nouvelle Mégane, avec notamment Deep Zoom qui permet d'économiser la bande passante tout en profitant d'une excellente résolution.
- e-Stellar, réalisé par Silver Expertise, qui permet l'échange immédiat entre médecins et radiologues.
Le projet e-stellar montre que cela peut-être très utile de travailler avec des partenaires qui apportent leur expertise ne serait-ce que ponctuellement. Cela a été le cas pour Novealis avec Silver-Expertise.
Techniquement, une application Silverlight est packagée dans un simple fichier XAP qui est tout ce que l'on déploie sur le client.
Les RIA vues par la communauté Open Source avec François le Droff et Raphaël Semeteys
QSOS
QSOS a été utilisé pour l'évaluation des frameworks RIA. QSOS est une méthode qui permet d'analyser un logiciel libre, notamment d'un point de vue qualité et sécurité.
Le site de QSOS est à la sauce wiki afin de mutualiser les résultats des études de veille. Il permet aussi de comparer les technologies évaluées en plaçant ses propres pondérations sur les critères d'évaluation afin de choisir la technologie adaptée à un projet particulier.
Firefox
Côté Firefox, la version 3.1 qui sortira peut-être en mars 2009 implémentera les derniers standards comme HTML 5 et CSS 3 qui a pour objectif d'offrir du contenu consommable par tout le monde puisqu'il s'agit de standards W3C. Il y a par exemple une nouvelle balise HTML <video>. Et des transformations comme des rotations pour CSS 3. JavaScript 1.8 permettra notamment le multithread, le stockage offline, qui permettront de faire des RIA en utilisant des standards.
Mais ça, c'est pour plus tard, car si Silverlight et Flash sont déjà utilisables, ces technologies sont à horizon deux ans ou plus. Le choix se résume à utiliser du propriétaire tout de suite ou du standard plus tard.
Chez Mozilla, sous Firefox, les RDA sont considérées sous l'angle XUL. Le projet Prism consiste à pouvoir utiliser les standards du Web précités pour pouvoir faire une page qui tourne en déconnecté en-dehors du navigateur. Le W3C travaille sur le langage WBL2, basé sur XML, qui permet de décrire de nouvelles balises utilisant des widgets (l'équivalent du xmlns en tête des fichiers XAML Silverlight).
Table ronde: les RIA / Web 2.0 pour moderniser l'e-administration
Avec entre autres:
- David Abiker, Journaliste-chroniqueur à France Info.
- Thierry Solère, secrétaire national de l'UMP en charge des NTIC.
- Cyril Reinhard, Responsable de l'option MTI à l'EPITA et employé Adobe
- Pierre Lagarde, chargé des relations développeurs chez Microsoft.
- Dimitri Baeli, responsable qualité et expérience utilisateur pour eXo platform.
- Joël Courtois, directeur de l'EPITA.
- Roger Essoh, responsable business development "modernisation de l'Etat", ATOS Origin.
Le sujet est de simplifier la vie du citoyen. Celui qui utilise la technologie telle que nous l'avons vue aujourd'hui, mais qui ne veut pas la voir, qui veut qu'elle marche: la technologie en tant que service.
Une personne sur deux en France n'utilise pas Internet, alors le Web 2.0 ne leur parle pas du tout. Et pourtant il faut pouvoir proposer à l'administré un service personnalisé, vie le Web, comme on le fait dans le privé. Ne pas l'obliger à passer par un guichet avec un ticket comme on le fait actuellement. Un exemple bête: permettre au citoyen de recevoir par e-mail ou SMS le menu de ses enfants à la cantine, pour harmoniser le repas du soir.
Avec la fibre, si la France ne rate pas le tournant, on aura des tuyaux suffisamment gros pour envisager des applications très larges. Par exemple proposer à une personne âgée de rester chez elle plus longtemps en étant surveillée en temps réel.
Il y a en outre le facteur humain. Dans une ville comme Boulogne, il y a 15 progiciels différents, mais pour les faire communiquer, il faut aussi changer les mentalités et faire communiquer les personnes.
Tout va plus vite. Chez TF1, le pic de fréquentation du site Web est durant la Star Academy, car les jeunes sont habitués à faire plusieurs choses à la fois. Il faut pouvoir répondre à cette nouvelle génération.
La technologie multi-touch devrait permettre demain à des personnes communes d'utiliser un ordinateur sans clavier pour communiquer avec leur famille. Au Japon, la vente des ordinateurs fixes baisse par rapport aux téléphones, car les utilisateurs ont pris l'habitude d'utiliser les applications durant leur nomadisme, par exemple en attendant le bus.
Il ne faut pas utiliser les technologies pour faire des interfaces trop colorées, trop animées de type "sapin de noël" mais au contraire en profiter pour offrir une interface simple, ergonomique, adaptée au public utilisateur.
Il y a plein de services que l'on pourrait offrir en ligne, comme la commande d'un passeport (qui est longue et coûteuse aujourd'hui). Ce n'est pas compliqué d'offrir un service en ligne, mais il y a trois freins: la réglementation, l'interconnexion avec les systèmes existants, et l'adaptation des agents du service public à la technologie.
Les sites qui font le plus d'audience sont ceux qui offrent un service (service-public, impots.gouv.fr). Internet, c'est une opportunité formidable pour faire du service: faire gagner du temps aux gens.
Conclusion: il y a un problème de communication, que la technologie ne suffit pas à régler, et il y a un travail nécessaire de préparation au changement qui est nécessaire pour éviter le raté des projets.
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